Le site de Novo Nordisk, implanté à Chartres depuis 1961, est spécialisé dans le remplissage de cartouches et de flacons d’insuline, ainsi que l’assemblage et le conditionnement de stylos injecteurs préremplis. Premier site stratégique du groupe hors Danemark, il bénéficie d’un investissement de 2,1 milliards d’euros pour continuer d’innover avec l’ambition de maintenir la neutralité carbone de sa production.
Lors du Congrès Polepharma de la Performance Environnementale (CPPE), les 21 et 22 mai 2025 à Rouen, ses équipes viendront partager, aux côtés de 150 acteurs de la filière, leur expérience de la décarbonation, la sobriété industrielle et la biodiversité.
Retour sur cet événement très attendu par la filière avec Aurélie Gourdy, responsable HSE de Novo Nordisk et membre du comité de programmation.
Comment vous présenter en quelques mots ?
Il y a un an, j’ai rejoint le site de Novo Nordisk à Chartres en tant que responsable HSE, après 15 années au sein du groupe Ipsen, où j’ai pu évoluer à travers diverses missions et projets HSE, tant sur site qu’au niveau corporate. Cette nouvelle étape marque le début d’une aventure professionnelle enrichissante, jalonnée de défis stimulants, d’opportunités et de rencontres inspirantes. Au sein d’une équipe HSE dynamique de 14 personnes aux profils variés – alternants, ingénieurs et techniciens –, je contribue activement à accompagner la forte croissance de l’entreprise.
Selon vous, comment la fonction HSE est-elle devenue un levier stratégique pour la performance environnementale ?
Le responsable HSE (Hygiène, Sécurité et Environnement) occupe une position essentielle face aux défis de l’urgence climatique ! Il évalue les risques et définit, avec la direction, une stratégie visant à réduire l’impact industriel. Il fait le lien et travaille en transverse avec un ensemble de métiers au sein de l’entreprise. Et il sensibilise et forme également les collaborateurs aux enjeux environnementaux de demain. Sa mission est donc centrale pour la performance environnementale en garantissant à la fois la sécurité et le bien-être des équipes, indissociables de la protection de l’environnement.
Cette année, qu’est-ce qui motive votre engagement au sein du comité de programmation du congrès ?
Depuis le début, le Congrès Polepharma de la Performance Environnementale est étroitement lié à l’engagement de Novo Nordisk, l’un des premiers laboratoires à avoir rejoint Polepharma et à se positionner en modèle de responsabilité environnementale. À la tête de cette ambition, Étienne Tichit, directeur général de la filiale Novo Nordisk France, pilote la feuille de route sur la performance environnementale pour la filière des industries de santé, une mission confiée par le FEFIS. En 2024, il a initié et présidé la première édition du Congrès Polepharma, avec un objectif clair : mobiliser l’ensemble des adhérents autour de la réduction de 55 % des émissions de gaz à effet de serre, en ligne avec les engagements européens, et structurer les leviers nécessaires pour une production pharmaceutique décarbonée et compétitive pour la France.
Cette année, en tant que responsable HSE, j’ai souhaité participer au sein du comité de programmation pour poursuivre cette dynamique de transition écologique, une priorité pour Novo Nordisk. Mais au-delà de mon rôle, cet engagement est aussi une conviction personnelle : concilier industrie pharmaceutique et développement durable. Il me tient à cœur de contribuer à un avenir plus responsable, où innovation et respect de l’environnement avancent main dans la main, pour transmettre aux générations futures un monde plus durable.
Comment avez-vous préparé cet événement avec le comité de programmation de Polepharma pour répondre aux besoins des sites industriels ?
Depuis plusieurs mois, le comité de programmation s’active en coulisses pour donner à cette nouvelle édition du Congrès Polepharma de la Performance Environnementale une structure à la hauteur des enjeux. Grâce à une série d’échanges entre professionnels de l’industrie pharmaceutique et fournisseurs, quatre grandes thématiques ont émergé, en parfaite résonance avec les défis actuels des sites de production en France et en Europe : l’évolution réglementaire, la gestion de l’eau (consommation et rejets), l’énergie et la décarbonation, ainsi que la biodiversité.
Pour donner du rythme et maximiser l’impact, le programme alternera tables rondes, ateliers et conférences, favorisant le partage d’expériences et la réflexion collective. Un temps sera aussi dédié au networking, dans un cadre plus informel, pour encourager les échanges et les collaborations.
L’ambition du comité de programmation ? Que chaque participant reparte avec une vision claire des enjeux à venir, une meilleure compréhension des évolutions réglementaires et, surtout, des pistes concrètes pour accélérer la transition environnementale de la filière pharmaceutique.
Quel retour d’expérience et quels objectifs pouvez-vous partager chez Novo Nordisk en matière de performance environnementale ?
Cela fait un an que je travaille sur le site de Novo Nordisk à Chartres dans la perspective de poursuivre la mise en place de la stratégie « Circular for Zero ». Cette approche globale vise à repenser l’ensemble des activités du groupe, selon le principe de circularité, pour atteindre un impact carbone neutre d’ici 2030. L’objectif pour le groupe est d’accompagner les sites sur leur stratégie de décarbonisation, la réduction de la consommation d’énergie et d’eau, mais aussi la gestion optimisée des déchets.
Au Congrès Polepharma de la Performance Environnementale, ces défis seront au cœur des discussions. Malgré l’augmentation de la production, notre site chartrain s’engage à réduire chaque année de 2% sa consommation énergétique et hydrique. Pour y parvenir, nous sommes déjà engagés sur des initiatives concrètes : énergies 100 % renouvelables (éolien offshore, biogaz), optimisation de la consommation d’eau et d’énergie, seconde chaudière biomasse, mutualisation énergétique, recyclage des emballages et réduction à la source (emballages biodégradables et réutilisables), charte d’achats responsables et programme Returpen, premier dispositif de recyclage des stylos injecteurs….
Soutenue par l’État via Territoires d’Industrie, l’extension du site s’inscrit dans cette démarche : en 2032, l’impact net des extensions actuelles sur la consommation d’eau potable de Chartres restera limité à 0,7%. La concertation publique, menée d’avril à juin 2024, a permis d’aligner ce projet avec les attentes locales en matière d’environnement, de mobilité et d’emploi.
Grâce à un dialogue continu avec la communauté locale et ses partenaires, Novo Nordisk démontre qu’industrie pharmaceutique et développement durable peuvent avancer ensemble, en conciliant innovation, croissance et responsabilité environnementale.
Sur quel axe clé intervenez-vous au congrès ?
Novo Nordisk participera à une table ronde sur la décarbonation. L’innovation et le partage d’expérience, soutenus par la puissance du réseau Polepharma, seront au cœur des échanges. Notre approche couvre à la fois les scopes 1 et 2, en repensant les bâtiments industriels de demain, et le scope 3, en intégrant l’ensemble des acteurs de la supply chain – fournisseurs, transporteurs, logisticiens – pour une réduction d’impact globale. L’enjeu est double : adapter notre organisation interne et collaborer avec nos partenaires et décideurs locaux pour favoriser la sobriété énergétique et la mutualisation des énergies vertes.
Avec un site en pleine expansion à Chartres, nous sommes pleinement engagés dans cette dynamique. Lors du congrès, l’objectif est d’apporter des réponses concrètes aux adhérents de Polepharma, en mettant en avant les solutions les plus avancées et en accélérant l’accompagnement des acteurs qui en ont le plus besoin, en particulier grâce à des technologies et des solutions rapidement déployables.
Quelles seront les prochaines étapes de la transformation chez Novo Nordisk ?
De nombreux projets sont en cours sur le site pour créer un véritable écosystème vertueux. Les pistes sont nombreuses pour améliorer la performance environnementale : récupération de l’énergie et de la chaleur fatale, traitement et réutilisation de certaines eaux process, réduction des emballages à la source, mutualisation énergétique avec les entreprises voisines… Mais la transition ne peut se faire qu’avec une collaboration étroite entre industrie et territoire. Un exemple à suivre est le modèle de Kalundborg au Danemark, où les entreprises locales ont créé une symbiose industrielle pour réutiliser les déchets produits par les uns et les autres. Novo Nordisk impulse une dynamique similaire sur le territoire chartrain, aux côtés des différents acteurs économiques et politiques.
Quel message clé avez-vous envie de transmettre aux adhérents de Polepharma, engagés dans la même dynamique ?
Osez, essayez, innovez ! Peu importe la taille de l’entreprise, nous avançons ensemble. C’est cette dynamique qui fera la différence !
Polepharma est-il, selon vous, un partenaire essentiel pour vous accompagner, ainsi que l’ensemble de la filière, dans la transition écologique ?
Depuis 20 ans, Novo Nordisk s’engage aux côtés de Polepharma pour renforcer les échanges de bonnes pratiques et structurer un véritable écosystème autour du médicament. Aujourd’hui plus que jamais, ce réseau joue un rôle clé : connecter les entreprises, coordonner les enjeux stratégiques de la filière et mobiliser les acteurs au bon moment pour agir ensemble et maximiser l’impact. Novo Nordisk s’engage tout au long de l’année pour identifier de nouveaux axes de travail, en particulier au sein de la commission ReUse de l’eau de la SFSTP. Sous la présidence de Hervé Poitevineau (SA Galderma) et Eric Levacher (Groupe IMT), nous abordons des enjeux clés autour de la gestion de l’eau notamment sur la qualité, réglementaires, et des pistes d’amélioration possibles pour l’industrie pharmaceutique. C’est aussi un levier essentiel pour accélérer les transitions vers une industrie plus durable !
Propos recueillis par Marion Baschet Vernet